Qui est dans le rouge?

"Je suis dans le rouge", dit Céline à sa copine Aurélie, "je suis dans le rouge à la banque avant la fin de chaque mois".

Aurélie se demande comment elle doit réagir. Est-ce qu'elle doit se sentir coupable parce que de son côté "elle n'est pas dans le rouge"? Est-ce que sa copine lui dit ça pour lui prouver qu'en effet, elle sait ce qu'est un budget serré?

La maman d'Aurélie lui a appris à gérer ses comptes, et même si la banque l'autorise à être à découvert, elle ne l'est jamais malgré ses petits revenus.

Alors elle réfléchit un peu à leurs modes de vie. Pour voir pourquoi Céline est "dans le rouge" ?

"Céline" sera en rouge, et "Aurélie" en vert.

 Mariage : en grands pompes, de très nombreux invités, location de salle des fêtes, location de voiture de luxe pour la mariée, appel à des traiteurs, animateurs de soirée et DJ, robe de mariée sensationnelle et reportage photo professionnel.

Mariage : à la campagne, famille proche uniquement, ont tout préparé eux-mêmes.

Trois enfants :  livret d'épargne dès la naissance et garni régulilèrement par toute la famille pour les occasions (familles aisées) ; argent de poche : 50 € /mois + quelques euros supplémentaires pour sorties avec les copains ; carte bleue dès l'âge de 14 ans ; smartphone et forfait internet à l'âge de 10 ans.

Deux enfants : argent de poche 50 € /an ; téléphone à clapet avec forfait "free" à 2 € (sans internet) à l'entrée au collège.

Scolarités : en établissements privés.

Scolarités : en établissements publics ; boursiers mais les parents n'ont pas demandé...

Loisirs : abonnement à une salle de sport ; tous les enfants pratiquent au moins une activité sportive et/ou culturelle ; abonnements à des magazines ; sorties en parcs d'attraction régulières (Disney, Futuroscope, etc)  ; week-end au ski avec les copines ; week-end en amoureux dans un pays européen ; restaurants et livraison de plats préparés ; abonnement Disney et Netflix ; toutes les occasions sont bonnes pour inviter et faire la fête.

Loisirs : sorties dans les parcs publics, promenades en forêt ; abonnement à la bibliothèque du quartier ; un "mac do" ou une pizza pour fêter une occasion.

Vie quotidienne : appartement chauffé jusqu'à 22 °C ; déplacements toujours en voiture (même pour faire 500m) ; achats en ligne réguliers.

Vie quotidienne : pas ou peu de chauffage ; déplacements à pied ou en voiture pour les courses ; peuvent prétendre à l'aide alimentaire mais ne l'ont pas demandé ; vêtements de "seconde main".

Vacances : s'envolent dans des pays à l'autre bout du monde à quasiment chaque période de vacances scolaires (les enfants pensent qu'il est normal de partir en vacances).

Vacances :  sorties dans les lacs alentours, randonnées alentours.

Aurélie et sa famille apprécient les choses simples et connaissent la valeur des choses. Ils savent ce qu'est "désirer" quelque chose et patienter pour l'avoir, quand autour d'eux, certaines choses paraissent normales pour leurs semblables (avoir un téléphone avec un forfait, remplacer sa chaise de bureau, faire un achat "coup de coeur", organiser un repas, partir en vacances...). Même si Aurélie aimerait offrir plus à ses enfants, elle sait qu'ils ne sont pas malheureux, le bonheur est fait de petites choses. Ce qui est difficile, c'est quand ils se comparent à leurs copains qui ont toujours des mégas tablettes ou consoles de jeu...

Céline est sincère quand elle se dit "embêtée" par ses dépenses. Elle ne se considère pas comme "aisée" car elle n'a pas un train de vie luxueux ou un yatch en Méditerranée. Mais elle ne réalise pas qu'elle a quand même des dépenses que d'autres ne peuvent pas se permettre.

Il faut quand même remettre les choses en perspective.

Car il semble à Aurélie que dans cette société, plus on a d'argent, et plus on a de dépenses... mais rares sont les personnes qui réalisent ce qu'il ont. Parfois, Aurélie doit regarder son compte en banque avant de pouvoir aller faire ses courses alimentaires. Céline n'en a aucune idée, et lorsqu'elle dit qu'elle est "dans le rouge", c'est peut-être pour montrer à Aurélie qu'elle est solidaire, qu'elle aussi sait ce qu'est d'être juste financièrement... alors que finalement, c'est très maladroit et limite insultant.