Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
🌿 PLANETE DUNDEE ⭐
3 juin 2022

Mais qui suis-je donc?

Je ne sais pas si ce portrait a sa place sur mon blog.

Mais il dĂ©peint en profondeur qui je suis ; il est le rĂ©sultat d’un questionnement poussĂ© sur plusieurs annĂ©es.

Allons-y
 par contre, si vous n’aimez pas la lecture, dĂ©solĂ© mais c’est un peu long...

 

Je me suis toujours sentie différente.

 

Du plus loin que je me souvienne, ma scolaritĂ© a toujours Ă©tĂ© subie : je n’étais pas comme mes camarades. J’étais Ă  part dans la cour de rĂ©crĂ©ation, trĂšs souvent seule ou tout au plus avec une unique copine, et ça ne s’est pas amĂ©liorĂ© en grandissant. Les dĂ©mĂ©nagements et changements d’écoles n’ont pas non plus arrangĂ© les choses
 Je me suis toujours demandĂ© comment les autres nouaient des liens, comment ils faisaient pour se retrouver en groupes. MĂȘme encore actuellement, les gens sont souvent source de tension pour moi, je ne sais pas comment les aborder, parfois j’en fais trop, et parfois j’en fais trop peu, mais j’ai toujours l’impression d’ĂȘtre Ă  cĂŽtĂ© de la plaque. Un premier contact peut trĂšs bien se passer, et puis la fois d’aprĂšs, je ne sais plus quoi dire
 j’ai le sentiment que personne ne peut comprendre ce que je ressens
 mes centres d’intĂ©rĂȘts sont assez peu communs, surtout pour une fille
 Et puis je rejette facilement tout ce qui est souvent populaire parce que ça ne m’intĂ©resse pas, par exemple les chansons qui passent Ă  la radio, les Ă©missions de variĂ©tĂ©, le football 
 Je ne regarde pas la tĂ©lĂ©vision "classique", mais quand j'en vois un aperçu sur les Ă©missions "zapping" proposĂ©es sur Youtube, je trouve ça extrĂȘmement mĂ©diocre : des tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ©s oĂč les protagonistes ont des QI d'huitre (dĂ©solĂ© les huitres!), des Ă©missions oĂč des gens chantent et le public tape dans ses mains (tout le monde il est heureux, youpi), des Ă©missions affreuses de personnes qui en jugent d'autres sur leur apparence, leurs vĂȘtements, ou mĂȘme leur propre mariage! Alors je sais que toutes ces Ă©missions plaisent beaucoup, c'est lĂ  que je me dis que je ne suis pas comme les autres. Un jour ma belle-mĂšre s’est mĂȘme fĂąchĂ©e contre moi car je ne connaissais pas «Danse avec les Stars Â», alors qu’elle voulait en parler ! Elle me disait que je pourrai regarder, car ça fait partie de la culture gĂ©nĂ©rale! Ça fait plusieurs annĂ©es, et j’avoue que je n’ai pas encore Ă©prouvĂ© le besoin de combler cette lacune !

 

Lorsque j'Ă©tais en CE1 / CE2, j'avais une amie. Comme j'Ă©tais arrivĂ©e en cours d'annĂ©e, elle m'avait accueillie : elle allait facilement vers les autres, en particulier lorsque ceux-ci Ă©taient seuls. Elle m'avait prĂ©sentĂ©e Ă  son groupe de copines, et c'est l'une des seules pĂ©riodes de ma vie oĂč j'ai Ă©tĂ© intĂ©grĂ©e. J'adorais cette fille. Quand j'ai dĂ©mĂ©nagĂ© 800 km plus loin, je n'ai jamais retrouvĂ© quelqu'un comme elle.

 

Pourtant, il y a des personnes qui m’attirent. En gĂ©nĂ©ral, ce sont des personnes cultivĂ©es, drĂŽles et ouvertes d’esprit. J’ai eu des amies dans ma vie
 mais rarement plus d’une Ă  la fois, et elles peuvent se compter sur les doigts d’une main : quand j’aime, je suis entiĂšre et exclusive. S’il m’arrive un truc, j’ai envie de courir le raconter Ă  mon amie ! Mais j’ai appris qu’il fallait ĂȘtre modĂ©rĂ© dans ses sentiments. Les gens ont plein d’amis, je ne sais pas comment ils font. Des copines, oui ; mais une amie, c’est comme un amour, ça se trouve pas Ă  tous les coins de rue ! Pourtant, mĂȘme l’amitiĂ© est compliquĂ©e : je peux facilement me sentir trahie si j’ai l’impression que la personne n’éprouve pas la mĂȘme chose que moi, ou qu'elle n'est pas toujours sincĂšre dans ses propos


 

L'anxiété et la "timidité" ont toujours fait partie de moi. Quand j'avais 6 ou 7 ans, il y avait cette dame, Mme C, qui surveillait la cantine. Souvent, elle prenait mon petit visage entre ses longues mains ridées et s'exclamait : "elle est saaaage comme une image !" Mais non, je n'étais pas "sage" : j'étais figée, complÚtement terrorisée, car cette femme me foutait les j'tons en hurlant dans le réfectoire pour demander le silence... Avec du recul, je trouve amusant que le fait que je sois en permanence "pétrifiée" soit pris pour de la "sagesse"... Au collÚge aussi on se moquait de moi comme ça (parmis d'autres joyeusetés) : on me disait que je ressemblais "à une petite fille sage", et qu'il ne me manquait que les petits souliers vernis...

 

Je me sens bien dans la nature, auprĂšs d’animaux ou dans les bois. Lorsque j’étais enfant, j’y passais des heures Ă  explorer, faire des cabanes, grimper aux arbres, ou tout simplement rester lĂ , au beau milieu de la forĂȘt. Je faisais mĂȘme parfois « le mur Â» la nuit pour aller me promener lĂ -bas ! Je peux passer de trĂšs longs moments sans m’ennuyer Ă  Ă©couter le vent qui fait murmurer les feuilles, Ă  percevoir tous les bruits de la nature, le chant des oiseaux, Ă  surprendre un animal de passage, Ă  marcher pieds-nus dans l’herbe, Ă  observer une riviĂšre
 c’est lĂ  que je suis heureuse, car tout est calme et je ne me sens pas seule.

 

Les animaux ont une place importante dans ma vie. J’ai toujours Ă©tĂ© attirĂ©e par ces petites bĂȘtes, et mes parents, Ă©mus de l’amour que je leur portais dĂšs mon plus jeune Ăąge, m’avaient pris un petit chat
 J’ai toujours eu des compagnons Ă  quatre pattes, Ă  toutes les Ă©poques de ma vie. Sauvage ou domestique, chaque animal est un ĂȘtre qui Ă©prouve des sentiments, fait des rĂȘves quand il dort, aime ses petits
 bref, ils ne sont pas diffĂ©rents de nous. Quand j’adopte un animal, il fait partie de ma famille pour la vie. Et quand cet ĂȘtre, si petit soit-il, me dĂ©montre de l’affection, je suis Ă©mue et honorĂ©e, car ils ne mentent pas, leurs sentiments sont purs. A force d’observations, j’arrive Ă  communiquer avec eux, il y a un lien Ă©troit qui se tisse entre nous. J’ai mĂȘme parfois l’impression que je peux traduire exactement ce qu’ils pensent ou ressentent
 alors pourquoi est-ce si difficile d’entrer en relation avec mes semblables, les humains ? Peut-ĂȘtre parce qu’ils possĂšdent des mots qui peuvent dĂ©former, parfois volontairement, leurs pensĂ©es et leurs sentiments ?

 

Lorsque j’étais en classe de troisiĂšme au collĂšge, on nous avait fait faire un genre de profil psychologique pour nous aider Ă  nous orienter. J’avais 19 sur 20 en « artistique Â» et en « nature Â»â€Š oui, mais que faire avec ça dans ce monde? Une des valeurs qui arrivait ensuite Ă©tait « altruiste Â» avec 14 sur 20. Et en effet, aussi Ă©trange que cela paraisse, j’aime les gens (sauf ceux qui font du mal), la diversitĂ© et la richesse des personnes, je ne supporte pas que quelqu’un puisse souffrir, je tends Ă  aider mon prochain s’il est dans le besoin. Je suis devenue Auxiliaire-PuĂ©ricultrice, alors j’ai cĂŽtoyĂ© de trĂšs nombreux parents qui semblaient m’apprĂ©cier beaucoup
 mais Ă©tait-ce vraiment moi, ou mes compĂ©tences et mon amour des bĂ©bĂ©s et jeunes enfants ? Comment expliquer que j’avais une vie sociale trĂšs remplie, en tout cas sur un plan professionnel, et que par ailleurs je sois incapable d’entrer en relation plus personnelle avec tous ces gens ? « On reste en contact ! Â» disaient-ils souvent. Mais la poursuite de la relation ne peut pas venir de moi, peut-ĂȘtre le sentent-ils. Peut-ĂȘtre n’a t-on plus rien Ă  se dire si le sujet n’est plus leur enfant. Peut-ĂȘtre est-ce une maniĂšre moins violente de se dire aurevoir.

 

Je suis une altruiste solitaire.

 

De toute maniĂšre, inviter ou recevoir une invitation est aussi source de stress pour moi. Si je suis invitĂ©e, je ne sais pas comment me comporter, je ne vais pas ĂȘtre naturelle, quelque chose en moi sera sous tension et je ne sais comment je gĂ©nĂšre une espĂšce d’aura de malaise
 vous savez, il y a des gens, quand vous ĂȘtes avec eux, vous vous sentez bien, l’atmosphĂšre est « calme Â», le silence n’est pas pesant ; eh bien avec moi c’est tout l’inverse ! Bon, Ă  part avec mes proches et heureusement
 Et puis si c’est moi qui invite (si, ça m’arrive !), j’angoisse plusieurs jours Ă  l’avance : « Il faut que j’aille faire des courses. Qu’est ce que je vais prĂ©parer Ă  manger ? Est-ce qu’il y aura assez de nourriture ? Pas trop peu ? Est-ce que ça va ĂȘtre bon? Il faut que je pense Ă  ceci, Ă  cela... Â» Pourtant, je n’invite pas d’inconnus, c’est juste ma famille ! Bref, je me prends bien la tĂȘte et j’ignore pourquoi, je suis comme ça.

 

Au dĂ©but, « ne pas ĂȘtre comme les autres Â» m’affectait beaucoup ; je ne comprenais pas pourquoi personne ne me disait « Bonne AnnĂ©e Â», pourquoi personne ne connaissait ma date d’anniversaire, pourquoi personne n’avait besoin de moi.

 

A 15 ans, je n’avais pas encore saisi qui j’étais. J’étais mal dans mes baskets, je me sentais la cible de moqueries au lycĂ©e, comme Ă  la maison oĂč mes parents aussi souriaient de ma « naĂŻvetĂ© Â». J’étais trĂšs timide, voire « effacĂ©e Â» comme l’écrivaient les professeurs sur mes bulletins de notes... Ma mĂšre me traitait de « cruche Â» ; mes parents trouvaient que j’étais trop rĂȘveuse, et me reprochaient parfois de m’enfermer dans ma chambre pendant des heures . En effet, je dĂ©vorais des bouquins : j’ai lu tout ce qui pouvait concerner les chevaux, les loups, ou les chats (romans, revues, encyclopĂ©dies), et plus tard dans l’adolescence je me suis projetĂ©e dans la littĂ©rature fantastique avec tous les « Stephen King Â»...

 

N’ayant pas encore trouvĂ© le mode d’emploi des relations sociales, c’est dans cette pĂ©riode que je me suis confiĂ©e Ă  une personne que je sentais proche de moi. Bien que nos emplois du temps Ă©taient peu concordants, je ne pouvais pas ĂȘtre souvent avec elle (et puis elle avait d’autres amies), mais je l’aimais beaucoup et elle est restĂ©e mon amie de longues annĂ©es aprĂšs. Je lui ai dit :

« Tu sais, c’est difficile pour moi : d’un cĂŽtĂ© j’observe tous ces gens qui sortent, vont en soirĂ©e, font la fĂȘte sans retenue
 de l’autre, il y a des gens en plus petits groupes qui aiment faire des sorties plus calmes, s’éclater, ou faire de longues discussions et sortir au cinĂ©ma
 je ne sais pas Ă  quel monde j’appartiens ! Â»

J’avais essayĂ© d’observer tous ces gens. Pour comprendre ce qui clochait chez moi.

Comme si je devais absolument rentrer dans une case.

Être comme les autres pour ne pas Ă  avoir Ă  justifier ma diffĂ©rence.

Être comme les autres pour passer inaperçue.

Elle a rĂ©flĂ©chi un tout petit instant. J’avais toujours admirĂ© chez elle cette Ă©coute et cette vitesse de rĂ©flexion. Et elle m’a rĂ©pondu tout simplement :

« Tu sais, tu n’as pas Ă  vouloir te rattacher Ă  un monde, tu as ton propre univers. Â»

Cette petite phrase a tout chamboulé en moi.

Comme si j’étais enfin quelqu’un aprĂšs des annĂ©es d’errance.

Comme si j’avais le droit d’ĂȘtre diffĂ©rente.

Bien longtemps aprĂšs, quand le doute me prenait, je pensais Ă  ces quelques mots qui m’avaient aidĂ© Ă  y voir plus clair sur ma personnalitĂ©.

Ces quelques mots qui m’ont aidĂ© Ă  me forger.

Oui, je ne suis pas comme la majorité des gens.

 

Oh, bien-sĂ»r, cela n’a pas effacĂ© du jour au lendemain la faible estime de moi-mĂȘme : encore rĂ©guliĂšrement, je manque de confiance en moi. Et puis tout n’a pas marchĂ© « comme sur des roulettes Â» avec cette prise de conscience : Ă  17 ans, je me suis sentie tellement incomprise par mon entourage proche suite Ă  un Ă©vĂšnement de ma vie, que j’ai voulu en finir avec tout ça
 mais c’est lĂ  une autre histoire.

 

Cette dĂ©couverte n’a pas non plus attĂ©nuĂ© mon sentiment de solitude, mais ça m’a aidĂ© Ă  m’accepter.

 

Et sur le chemin de l’acceptation, la louve solitaire a trouvĂ© son Alpha.

 

Et nous avons crĂ©Ă© notre petite « meute Â» comme je me plais Ă  l’appeler. Deux louveteaux rock’n roll et atypiques. Nous sommes Ă  part, mais ensembles.

 

Les annĂ©es passant, j’apprends Ă  accepter que je suis diffĂ©rente. J’apprends Ă  m’aimer, j’affine mes goĂ»ts et mes passions, j’arrive aussi Ă  dĂ©tecter et Ă  Ă©viter ou apprivoiser tout ce qui est difficile pour moi. Je fuis la grisaille des villes, les klaxons et sirĂšnes, les travaux, les marteaux-piqueurs, les camions, le flot incessant des voitures. Je fuis les lieux bondĂ©s de monde (supermarchĂ©s et galeries commerciales, heures de pointe, foule...), donc j’essaie de faire mes courses tĂŽt, par exemple. Quand je parle de « fuite Â», je ne parle pas forcĂ©ment en termes physiques : ma fuite peut ĂȘtre spirituelle !

 

Je suis facilement stressĂ©e, j’ai besoin de repĂšres. Aller dans un lieu inconnu tient de l’excursion. Je vais passer 150 ans Ă  Ă©tudier le trajet, je vais angoisser Ă  l’idĂ©e de ne pas savoir oĂč me garer, je vais avoir peur de ne pas trouver le bon endroit, la bonne salle, les bonnes personnes. Et je me demande : quelle attitude adopter dans ce lieu ? Comment font les autres ? C’est comme si j’avais besoin d’un mode d’emploi pour savoir comment me comporter.

 

Je suis aussi faite de contradictions.

 

J’aime la routine et l’aventure. Être grisĂ©e par la vitesse de mon vĂ©lo en descendant une colline sur cette route abandonnĂ©e de campagne. Chausser mes baskets et partir pour une randonnĂ©e dans une contrĂ©e inconnue. Faire une exploration nocturne, quand tout est calme et endormi...

 

Mais si quelqu’un venait me rendre visite sans prĂ©venir, je risquerais d’ĂȘtre dĂ©contenancĂ©e (et puis ça tombe toujours au pire moment)!

 

Personne ne me souhaite la « bonne annĂ©e Â» ? Tant pis ! Car ça y est, j’ai appris que j’aimais cette solitude dans laquelle je me sens sereine. Et puis je ne saurais que faire d’une vie sociale bruyante et/ou envahissante ! Pourtant, je suis heureuse de voir ma famille de temps en temps, mais j’ai maintenant clairement identifiĂ© chez moi le besoin de m’éloigner de tout et tous Ă  certains moments. MĂȘme parfois lorsque je suis avec les ĂȘtres qui comptent le plus au monde pour moi : ma petite meute.

 

J’ai souvent peur de passer des appels tĂ©lĂ©phoniques. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Peur de dĂ©ranger, de ne pas savoir m’expliquer, peur de ne pas savoir Ă  qui je m’adresse
 C’est un peu diffĂ©rent avec la famille, mais c’est vrai que je ne pense pas Ă  appeler, car en fait je ne sais pas quoi raconter, j’ai du mal Ă  synthĂ©tiser les Ă©vĂšnements


 

Et puis, il faut manipuler la parole et les mots
 j’éprouve de la difficultĂ© Ă  m’exprimer oralement. En public ou mĂȘme face Ă  une seule personne, je ne sais pas choisir mes mots, je suis maladroite, je n’arrive pas Ă  exprimer correctement ma pensĂ©e, je n’arrive pas Ă  suivre un fil directeur, je m’éparpille, et j’oublie mon propos initial... L’écrit est bien plus facile pour moi : je peux revenir en arriĂšre, rĂ©flĂ©chir au sens des mots tranquillement, corriger jusqu’à ce que j’arrive Ă  peu prĂšs Ă  faire passer ce que je veux dire.

 

Il est arrivĂ© Ă  de nombreuses reprises dans ma vie que j’aie vexĂ© quelqu’un bien malgrĂ© moi
 parce que mes silences sont perçus comme de la froideur (alors que c’est juste que je n’ai rien Ă  dire ou que je suis mal Ă  l’aise), ou parce que j’ai Ă©tĂ© maladroite dans mes paroles que les gens interprĂštent ou y ou voient des sous-entendus (qui ne sont absolument pas intentionnels Ă©tant donnĂ© mon incapacitĂ© Ă  rĂ©flĂ©chir en mĂȘme temps qu’une expression orale qui me demande beaucoup).

 

Et puis si j’exprime mon point de vue et que mon interlocuteur est prĂȘt Ă  en dĂ©coudre furieusement sur une opinion contraire, je vais laisser tomber. Je pense ĂȘtre Ă  l’écoute et avoir l’esprit ouvert, mais je n’ai pas envie de joutes verbales, je ne suis pas du tout faite pour ça. Je ne veux pas me battre, les gens pensent ce qu’ils veulent, je n’aspire qu’à ma tranquillitĂ©.

 

« Elle est gentille mais elle ne parle pas Â» disait dans mon dos une Ă©lĂšve infirmiĂšre lors de mes stages en puĂ©riculture (comme si le fait de ne pas parler pouvait me rendre sourde)
 Je ne sais pas ce que se racontent les gens, j’ai du mal Ă  m’intĂ©grer
 Alors je suis seule, mais ce n’est pas vraiment parce que les gens ne m’aiment pas, c’est juste parce que je les laisse indiffĂ©rents. Dans notre sociĂ©tĂ©, il semble important d’échanger


 

Pourtant, de l’extĂ©rieur, je pense que rien ne se voit. J’essaie de donner le change. Peut-ĂȘtre que personne n’imagine tout ce qui se joue dans mon petit cerveau. A prĂ©sent, je me connais et je ne vais pas chercher Ă  tisser de liens quand je fais des rencontres sociales. Et du coup ça se passe mieux... quand j'arrive Ă  garder le contrĂŽle. Sinon, si je me laisse aller Ă  ma vraie nature, je crĂ©Ă© des malaises, ou bien les gens ne m'Ă©coutent pas, j'ai l'impression que je les ennuie royalement dĂšs que j'essaie de raconter quelque chose. Alors je garde pour moi qui je suis et ce que j’aime.

 

J’ai bien essayĂ© de partager mes passions, mais en gĂ©nĂ©ral mes interlocuteurs ne comprennent pas. MĂȘme quand ils ont l’esprit ouvert, mes centres d’intĂ©rĂȘts ne sont pas trĂšs courants. Oh, si je parle de nature, oui, ça peut passer, mĂȘme si le sujet peut sembler niais
 Mais si je parle de ma passion pour la science-fiction ou le mĂ©diĂ©val-fantastique, c’est rare qu’on me suive. Ce ne sont pas des choses qui intĂ©ressent « Monsieur Tout-le-monde Â», et encore moins cĂŽtĂ© fĂ©minin. Je suis une rĂȘveuse, et tous ces univers m’aident Ă  m’échapper. Je peux plonger dans un bouquin, un jeu vidĂ©o, un film, ou une sĂ©rie, peu importe le support tant que je voyage sur mes thĂšmes favoris. Et puis je suis aussi passionnĂ©e de guitare, mais mon truc c’est pas Jeux Interdits, non, j’aime le rock, le style metal, la guitare Ă©lectrique qui crie ses solos et finit en larsen
 J’adore le Melodic Death Metal, j’aime planer en essayant de jouer mes riffs prĂ©fĂ©rĂ©s sur l’une de mes guitares chĂ©ries, j’aime aller dans des concerts voir tous ces groupes souvent nordiques (ce sont d’ailleurs les seuls moments oĂč je peux accepter d’ĂȘtre dans une foule sans m’énerver)
 Mon propre pĂšre appelle ça « de la musique de cinglĂ©s Â», lui qui aimait voir sa petite fille jouer du piano classique dans son salon, autrefois
 alors quant Ă  ĂȘtre comprise et acceptĂ©e d’étrangers, c’est peine perdue.

 

Et puis, mĂȘme si j’évoquais le jeu vidĂ©o, une personne lambda pourra peut-ĂȘtre penser « Candy Crush Saga Â» alors que je voudrais parler d’aventures Ă©piques, de Jeux de RĂŽles, de survie, de tirs ou de combats Ă  l’épĂ©e
 Comment Ă©changer avec quelqu’un dont les films prĂ©fĂ©rĂ©s sont « Dirty Dancing Â» ou « Titanic Â» quand les miens sont « Lord of the Rings Â» ou « Total Recall Â» ? Comment ne pas me sentir diffĂ©rente quand les gens Ă  la Fac voulaient tous regarder « Beverly Hills Â» en salle tĂ©lĂ© alors que je rĂȘvais de suivre « Highlander Â» sur l’autre chaĂźne ? Pourquoi Ă©voquer l’euphorie que j’éprouve Ă  assister Ă  un concert de guitares metal et de chant guttural quand mon interlocuteur ne comprend pas de quoi je parle ? Pourquoi vouloir parler d’arbres et de botanique quand pour l’autre le bonheur naĂźt du shopping et de l’acquisition de nouvelles choses ? Comment parler Ă  des personnes du plaisir que je ressens Ă  faire des choses simples si l’autre rĂȘve de sauter dans un avion pour aller en vacances dans ce pays Ă  l’autre bout du monde ?

 

VoilĂ .

Tout ça c’est moi, mon rĂ©cit pourrait s’arrĂȘter lĂ .

J’ai appris Ă  me connaĂźtre et Ă  accepter ma diffĂ©rence, Ă  prĂ©sent je suis heureuse, « Happy End Â».

 

Mais la vie a fait que, bien qu’ayant travaillĂ© plusieurs annĂ©es avec de jeunes enfants autistes, je doive m’intĂ©resser beaucoup plus personnellement Ă  ce sujet. Et comme Ă  mon habitude, quand un sujet me touche, je veux tout connaĂźtre dessus. Livres, vidĂ©os, articles, rĂ©seaux sociaux, Ă©missions, j’explore tout. Et j’ai dĂ©couvert Ă©normĂ©ment de choses que j’ignorais.

 

Pour moi, une personne autiste se remarquait forcĂ©ment. Évidemment, parce que j’ai travaillĂ© auprĂšs d’enfants de moins de 6 ans chez qui les stĂ©rĂ©otypies Ă©taient visibles (et du coup, ils Ă©taient « faciles Â» Ă  diagnostiquer). Mais les symptĂŽmes de l’autisme sont bien plus larges que ça et la connaissance de ce trouble neuro-dĂ©veloppemental ne cesse d’augmenter au fil des annĂ©es. On ne parle d’ailleurs plus « d’autisme Â» mais de « Troubles du Spectre Autistique Â», tant cela peut se manifester sous bien des formes.

 

Enlevez-vous de la tĂȘte qu’une personne autiste est « renfermĂ©e Â», qu’elle se balance d’avant en arriĂšre, ou fuit systĂ©matiquement le regard. Ce n’est pas non plus forcĂ©ment un petit gĂ©nie savant ou une personne « attardĂ©e Â» (mĂȘme s’il peut y avoir des dĂ©ficiences intellectuelles liĂ©es dans certains cas). Tout ceci sont des considĂ©rations anciennes, mais qui ont la peau dure dans l’esprit de beaucoup. L’autisme, c’est juste un fonctionnement diffĂ©rent du cerveau. Un fonctionnement « atypique Â».

 

Voici la dĂ©finition du site « Autisme Info Service Â» : L’autisme reprĂ©sente un ensemble de symptĂŽmes. Ces symptĂŽmes varient d’une personne Ă  l’autre. Ils peuvent ĂȘtre plus ou moins prĂ©sents et mĂȘme Ă©voluer au fil du temps. Chaque personne autiste est donc diffĂ©rente. L’utilisation du mot « spectre » permet d’intĂ©grer toute la diversitĂ© des troubles et de signifier l’évolution possible de personne au sein de ce spectre.

 

Il y a des autistes parmi nous, mais nous ne saurions pas dire qui. C’est invisible.

 

Les Ă©tudes sur ce trouble ont portĂ© plus largement sur les garçons, parce qu’apparemment l’autisme fĂ©minin est plus difficile Ă  dĂ©celer et se manifeste diffĂ©remment : une femme autiste camoufle ses traits plus ou moins consciemment, ou ceux-ci sont masquĂ©s par des symptĂŽmes associĂ©s plus rĂ©pandus.Je ne suis pas assez compĂ©tente pour Ă©claircir ici les spĂ©cificitĂ©s de l’autisme au fĂ©minin, mais si le sujet vous intĂ©resse, il y a quelques articles sur le net ; les recherches sont en cours.

 

Venons-en maintenant au sujet.

 

Au cours de mes lectures, je suis tombĂ©e sur le schĂ©ma de cette petite pieuvre
 et cela a fait comme un tilt en moi. J’ai presque eu l’impression que quelqu’un avait dessinĂ© grossiĂšrement tout ce que je viens de dĂ©crire me concernant :

 

 

27748097_1779628479008758_5381436936586082544_o

 


 Ă  quelques bulles prĂšs, je coche toutes les cases de cet exemple d’autisme fĂ©minin. J’aurais mĂȘme pu Ă©crire en partie l’une des bulles, car c’est le sous-titre de mon blog « Nature et Geek Â».

 

Je n’arrive pas à y croire.

 

Alors finalement
 il se peut que je sois comme d’autres personnes. Ma diffĂ©rence est une normalitĂ© pour quelques autres.

 

Il y a des tests sur le site « Comprendre l’Autisme Â» ; je dĂ©cide d’en faire un...

Et le rĂ©sultat est : « vous ĂȘtes trĂšs probablement aspie Â» (sous-entendu autiste Asperger).

 

VoilĂ .

Je n’en reviens pas. Mon passĂ© prend un Ă©clairage nouveau.

Suis-je autiste Asperger ?

De ces profils dont on sait maintenant qu’ils peuvent se fondre dans la masse ?

 

Pour mon Alpha de mari, je ne suis pas du tout autiste, mais je me mets des barriĂšres au fil des annĂ©es. Pour moi, ces « barriĂšres Â» sont justement la matĂ©rialisation de l’approfondissement de la connaissance de ma personne. Vous savez, quand je disais que j’apprenais Ă  m’aimer ; eh bien, j’apprenais aussi Ă  me respecter, et me mettre des gardes-fous lĂ  oĂč je me sens en difficultĂ©, c’est une façon de prendre soin de moi


 

A ceci, le psychologue du coin de la rue pourrait rĂ©torquer qu’il vaut mieux affronter ses difficultĂ©s. Pour ma part, mĂȘme si le cheminement est long, je prĂ©fĂšre trouver mon propre Ă©quilibre seule, c’est ce qui me mĂšne au bonheur.

 

Alors
 qui suis-je vraiment ?

 

Est-ce que je suis dans le spectre de l’autisme ? Ou pas du tout ?

 

Eh bien, on ne le saura probablement jamais...

 

Je pourrai essayer d'aller faire un diagnostic, mais... pour quoi faire? Ce n’est pas important : si mon enfance et ma jeunesse ont Ă©tĂ© socialement difficiles du fait de ce dĂ©calage permanent, Ă  prĂ©sent je me connais bien, et poser des mots sur ma personnalitĂ© ne changera pas qui je suis. Et puis, autiste ou non, je n’ai pas envie de revendiquer ma diffĂ©rence
 je ne parle quasiment jamais de qui je suis Ă  l’intĂ©rieur, mais Ă  prĂ©sent, mĂȘme si je le faisais je ne prononcerai pas le mot d’autisme. Vous seuls, lecteurs, ĂȘtes dans la « confidence Â» de ce questionnement !

 

Mais j’avais envie de partager toute cette introspection.

 

Et je reste la mĂȘme.

 

 Et puis, au fil du temps, aprĂšs rĂ©flexion, mon opinion se modifie un peu : je me dis que si je croise un jour le chemin d'un spĂ©cialiste en TSA, j'irai peut-ĂȘtre le rencontrer par curiositĂ©...

 

Certains pourraient penser que cet article est une façon d’attirer l’attention sur moi. Alors, c’est qu’ils n’auront pas bien lu mon analyse ! C’est pas grave, je ne m’attarde plus sur les pensĂ©es des gens
 Par contre, on peut dire que j’aime Ă©crire, ça oui !

 

Je voudrais cependant prĂ©senter mes excuses auprĂšs des personnes autistes diagnostiquĂ©es et qui rencontrent de vĂ©ritables difficultĂ©s au quotidien, parce qu’il se peut que je n’imagine pas un instant ce qu’elles traversent...

 

Merci de m’avoir lu jusque lĂ , d’avoir partagĂ© mes galĂšres et mes dĂ©couvertes, et peut-ĂȘtre entrevoir un peu qui je suis.

 

 

« There is a place that holds the answer                          

8fb43967f8072a6dc21ac73c9dbf1a16


Where nothing calls to be set free

It ends and it begins with utter silence
It holds what is better kept inside
(...)
I want to feel like I belong
I don't want broken promises
»

(In Broken Trust – The Halo Effect)

 

Publicité
Publicité
Commentaires
🌿 PLANETE DUNDEE ⭐
Publicité
🌿  PLANETE   DUNDEE  ⭐
Archives
Publicité